Histoire pittoresque de notre alimentation – Georges Blond, Germaine Blond

Nous sommes en Europe occidentale au début de l’ère quaternaire, six ou sept cent mille ans avant notre ère : une minute à l’échelle géologique, une seconde à l’horloge cosmique. Dans le ciel, les constellations sont à leur place, le soleil se lève à l’Est et se couche à l’Ouest. Mais il fait plus chaud qu’aujourd’hui. Le climat de l’Europe est tropical. Une buée s’élève des marécages. Des hippopotames s’ébattent dans les rivières. Des ours bruns, de grands élans, des rhinocéros, des éléphants énormes — l’Elephas Antiquos est plus gros que ne sera le mammouth apparaissent et disparaissent au milieu de la végétation épaisse. Des papillons géants volettent entre les arbres. Nous pouvons rester des jours et des jours au même endroit, ou parcourir de vastes espaces, sans apercevoir la silhouette verticale qui nous intéresse. L’humanité n’est pas nombreuse. Cependant, quel que soit le mystère des origines, à coup sûr, en ce début du Quaternaire, l’espèce humaine est là, disséminée sur cet espace qui sera un jour notre Europe. Un matin ou un soir nous finissons par apercevoir la silhouette verticale. Quelques silhouettes défilant rapidement sur une crête.